Qu’est-ce que le Slow Tourisme en 2024 ?

Qu’est-ce que le Slow Tourisme en 2024 ?

Le slow tourisme (ou « tourisme lent ») est, plus qu’une forme nouvelle de tourisme, un mode de vie pratiqué par le voyageur. Il peut correspondre à un art de voyager tout en prenant son temps, de s’imprégner pleinement de la nature et de la richesse des patrimoines visités et découverts. Il privilégie la rencontre et le partage avec les populations locales, dans le souci permanent du respect du territoire, de ses habitants et de ses ressources.

 

Portrait de Jean Sebastien Benoit et Morgane Fleury du Champagne Fleury à Courteron dans l’Aube.

Le « slow tourisme » pour vivre différemment

Le « slow tourisme » peut apparaitre comme une mode inscrite dans les tendances liées aux questions de « durabilité » ou « soutenabilité » du tourisme. Le terme « slow » parait en lui-même assez superficiel et incomplet. La vague du « slow » est apparue dans de nombreux discours et initiatives depuis plusieurs décennies. Elle perce d’abord avec le « slow food » (concept né en Italie dans les années 1980 visant à sensibiliser les citoyens à « l’écogastronomie » et à « l’alterconsommation »), puis la « slow fashion » (visant à produire et consommer les vêtements de façon plus responsable, éthique et durable), ou le « slow cosmétique » (en promouvant les savoir-faire ancestraux et traditionnels), etc. Cette notion du « slow » se veut à la fois alternative, indépendante, qualitative, en s’opposant au « fast » identifié comme rapide, industriel, de mauvaise qualité, fabriqué aux dépends de l’écosystème.

Les valeurs du « slow tourisme »

Le « slow tourisme » (ou « tourisme lent) induit donc de fortes valeurs. Il fait d’abord appel étymologiquement à la notion de « lenteur ». On peut ainsi dresser l’éloge de la lenteur et penser qu’aller moins vite est une vertu cardinale. C’est même revenir en quelque sorte aux origines du voyage. La pandémie de Covid a souligné les inflexions des attentes des visiteurs d’une destination mais également fait basculer de nouvelles offres dans ce sens. Même si le tourisme a toujours été marqué par la notion de proximité, à l’échelle nationale ou même internationale, les dernières années ont été caractérisées par ce retour au proche, au simple, au vivant. Le « slow tourisme » garantit une proximité, conditionnée par la question de facilité d’accessibilité d’un site ou d’un lieu en utilisant notamment un mode de mobilité doux. Le « slow tourisme » exige que le visiteur soit animé d’une démarche d’ouverture, rencontre les habitants, participe à la vie locale en s’immergeant dans une découverte des patrimoines et des savoir-faire. D’autres valeurs sont liées au « slow tourisme » : le ressourcement, la déconnexion, l’authenticité, le bien-être, le respect, la sobriété, l’écologie, la frugalité, les circuits courts ou le fait de consommer local, etc.

Ces valeurs, même si elles sont incontestables, sont parfois critiquées, car elles traduisent une vision quelque peu « urbano-centrée » du tourisme et de sa réalité dans les espaces ruraux. Le « slow tourisme » doit partir du territoire et notamment de la ruralité. C’est un tourisme qui doit agir favorablement contribuer aux dynamiques rurales, permettre des externalités positives à l’ensemble de ses acteurs, habitants, associations ou entreprises.

De nombreuses initiatives depuis le Covid

De nombreuses initiatives, notamment portées par le Fonds du tourisme durable lancée après le Plan de reconquête et de transformation du tourisme annoncé en novembre 2021,  expliquent que le « slow tourisme » résulte de la combinaison de quatre critères clés : l’expérience (un tourisme qui privilégie l’expérience du visiteur en particulier en favorisant des découvertes initiatiques, actives et sensorielles des patrimoines matériels et immatériels), le temps (choisir des temporalités plus lentes et plus riches pour « prendre le temps de voyager »), les mobilités bas carbone (en privilégiant notamment les transports collectifs, les mobilités douces, les mobilités partagées ou actives pour se rendre à destination et pour se déplacer pendant le séjour) et l’implication de l’ensemble des acteurs de la filière touristique dans la protection et la valorisation des patrimoines (de tous types, matériels et immatériels, naturels, culturels ou historiques, industriels, savoir-faire, traditions orales, etc.).

Des destinations se sont emparées du « slow tourisme ». Elles l’érigent même en offres exemplaires : la Loire à Vélo en a été certainement la première réalisation concrète dès 2004 à l’échelle des rives du fleuve, le long d’un itinéraire désormais de près de 900 km.

La Région Bretagne a lancé en 2017, à l’occasion de l’arrivée de la LGV (ligne à grande vitesse) l’opération « En Bretagne sans ma voiture ». Plus de 80 séjours ont ainsi vu le jour en quatre ans, en favorisant l’écomobilité de l’offre touristique bretonne.

Depuis 2021, près de 60 projets ont été accompagnés par le Fonds du tourisme durable dans le cadre de l’Appel à manifestation d’intérêt (AMI) « Formes Emergentes du Tourisme » (dont une moitié environ portant sur des hébergements et des activités « slow »).

L’enjeu de l’intégration d’une destination

Le grand enjeu actuel du « slow tourisme » réside dans une approche complète et intégrée d’une destination. C’est un enjeu collectif partagé par les politiques et porté par les acteurs, qui doit aller au-delà de la promesse marketing d’une destination.

On pourrait donner l’exemple du « Grand tour de Suisse » qui permet en 9 jours et 8 nuits de traverser grâce au train les plus belles régions de Suisse sur plus de 1600 km.

C’est aussi le cas de territoires plus modestes, comme celui des Combrailles en Auvergne, qui communique astucieusement sur l’idée de la frugalité avec un slogan « Ici, vous ne ferez rien… », qui ouvre malgré tout sur d’infinies perspectives notamment humaines « …sauf que d’être ensemble ».

Le slow peut être innovant…

A noter enfin que la plate-forme d’innovation le « Slow Tourisme Lab », portée depuis 2016 par Aube Champagne Attractivité, vise à être la référence française et francophone sur les thèmes du tourisme lent, de la ruralité et de la sobriété. Le « Slow Tourisme Lab » accompagne les territoires et les porteurs de projets en « slow tourisme ». Il est un relais d’acculturation et de mise en relation entre habitants, professionnels et institutionnels et propose d’expérimenter des innovations (exemple de startups accompagnées : Botdefoin – plateforme d’expériences agritouristiques, NokNok qui propose aux habitants de devenir accueillants d’un jour aux touristes étrangers et découvrir la vie à la française ou encore Mindful Art – une médiation culturelle en Slow visite dans les musées alliant méditation et bien-être personnel).

Le sujet est passionnant et s’inscrit dans de nombreuses dynamiques contemporaines. Territoriales évidemment au regard de la place que doit occuper le monde rural dans le tourisme de demain, économiques parce que de nombreux acteurs sont désormais en face de choix cruciaux en matière de modèle de développement. Mais aussi des dynamiques sociales voire sociétales, tant la place de l’humain, de l’habitant au visiteur, mérite d’apparaître au coeur des stratégies de l’ensemble des acteurs du voyage. C’est la raison pour laquelle le Slow Tourisme Lab a décidé de lancer une série de chroniques jusqu’à l’été 2025 pour se faire l’écho et le porte-voix de ce nouvel « art de voyager ».

Prochaine chronique : à lire en ligne dès le 7 janvier 2025…

 

Références

  • ADEME infos, Et si vous testiez le slow tourisme cet été ? (2024)
  • Duthion Brice, Le Slow Tourisme : une opportunité pour le Grand-Est, conférence, ART Grand-Est, Pont-à-Mousson (2024)
  • DREAL Auvergne – Rhône-Alpes, Le « slow tourisme », ou l’art de découvrir un territoire à 360° (2024)
  • France tourisme durable : la plateforme qui facilite votre transition durable – https://www.francetourismedurable.gouv.fr
  • Ministère territoires, écologie, logement, Le « slow tourisme », de quoi parle-t-on ? (2022)
  • Slow tourisme lab : https://www.slow-tourisme-lab.fr/fr/